RoboCop, dont le réalisateur n’est nul autre que Paul Verhoeven, est sorti en 1987 et il fut, comme d’habitude avec le monsieur, un véritable chef d’œuvre pour son époque. Nous sommes 36 ans plus tard et bien des jeux vidéo sur le sujet sont sortis entre temps sans réellement comprendre ce qui faisait la force de RoboCop. Pourtant, après avoir sorti l’immense bonne surprise qu’était Terminator Resistance, le « petit » studio Teyon vient de s’attaquer au mythe mécanique de Détroit et vient de taper fort, de taper juste, bref de nous livrer un petit bijou d’adaptation. Explications.
Version | PS5 numérique fournie par l’éditeur |
Temps de jeu | 18 heures |
Histoire terminée | Oui ! |
Complétion totale | Platine obtenu |
Difficulté | Normal + Facile |
Genre(s) | FPS, Action, Science Fiction |
Date de sortie | 2 novembre 2023 |
Prix (maximum conseillé) | 59.99€ |
Plateforme(s) | PS5, Xbox Series S/X et PC |
Voix | Anglais |
Textes | Français, Anglais, Italien, Allemand, Espagnol, Japonais, Coréen, Polonais, Portugais, Russe, Chinois traditionnel, Chinois simplifié |
Editeur | Nacon |
Développeur | Teyon Games |
Réalisateur | Piotr Latocha |
Avant de se plonger dans cette nouvelle adaptation, replongeons nous en 1987. Sort dans les salles de cinéma un film appelé RoboCop. Le réalisateur Paul Verhoeven déjà connu dans son pays pour des films engagés, nous livre ici son premier film américain et de son aveu, son film préféré. L’histoire nous raconte alors celle de la ville de Detroit en proie au chaos et à une importante criminalité. Alors en intervention, le policier Alex Murphy, incarné par Peter Weller est abattu sauvagement par un gang de criminels. Son corps est alors récupéré par un important conglomérat militaro-industriel et commercial appelé l’OCP (pour Omni Cartel of Product/Omni Cartel des Produits en version française) qui le ramène à la vie pour le transformer en machine alors appelée RoboCop. Ignorant tout de son ancienne vie, RoboCop mène une campagne brutale contre le crime tout en percevant des fragments persistants de son humanité perdue, ce qui l’amènera à enquêter sur son existence passée. RoboCop a été un succès surprise lors de sa sortie en juillet 1987 et décrocha même un Oscar. Film d’action d’une violence inouïe pour l’époque, Robocop se targue au passage d’être un film intelligent qui jongle entre la satire envers l’OCP et son capitalisme à l’excès et le message philosophique pour RoboCop et ce qui fait de lui une machine et/ou un humain.
Du côté de Hollywood, 2 suites sont lancées, RoboCop 2 de Ivan Kershner, RoboCop 3 de Fred Drekker en 1990 et 1992, puis vint, en 1994, une série TV de 22 épisodes, en 2001, une série de téléfilms en 4 épisodes appelée RoboCop : Directives Prioritaires. En 2014, vient alors le reboot de RoboCop, réalisé par José Padilha, qui accouchera dans la douleur un nouveau film nous proposant alors un RoboCop plus agile, campé cette fois-ci par Joel Kinnaman. Enfin, en janvier 2018, un nouveau projet est lancé, qui s’intitule alors RoboCop Returns et devait être réalisé par Neill Blomkamp. Le rachat de la MGM par Amazon fait alors s’annuler le projet, qui sera alors remplacé par un film et une série tv à date du mois d’avril 2023. Durant toute ces années, moult jeux vidéo sur RoboCop sont sortis sur différentes générations de consoles, de 1988 à 2004, sans parler de ses apparitions (notamment les Mortal Kombat par exemple). Nous sommes en novembre 2023 et le studio Teyon Games nous propose alors sa vision de RoboCop.
Si vous ne connaissez pas ce jeune studio, RoboCop Rogue City est sa 3ème production. Se faisant connaitre pour le très mauvais Rambo The Videogame, il est aussi à l’origine de Terminator Resistance, sorti en 2019 qui m’a impressionné lors de sa sortie, tant il était une adaptation fidèle du chef d’œuvre de James Cameron, en proposant une aventure inédite. Pour ce RoboCop Rogue City, nous sommes situés entre RoboCop 2 et RoboCop 3 et là encore, Teyon Games nous propose une histoire totalement inédite. Alors que RoboCop continue de patrouiller dans les rues du vieux Detroit, une crapule (vous l’avez?) d’un genre nouveau se présente dans l’équation de la criminalité et représentera alors un véritable défi pour le flic mi homme mi machine. Sans rentrer dans les détails, voici le scénario de ce RoboCop Rogue City qui cultive alors les points forts de l’œuvre et comme le film de Paul Verhoeven, propose lui aussi son lot de sujets profonds, au travers des discussions entre Alex Murphy et le docteur Blanche.
De plus, outre un scénario très bien écrit, d’une mise en scène efficace et d’une profondeur inattendu, le studio n’oublie pas de rendre son adaptation ultra jouissive, que ce soit dans les déplacements de l’homme de fer blanc (où l’on ressent tout le poids du bestiau) ou alors dans les multiples fusillades qui vous attendent et autant vous le dire : le studio à vraiment compris RoboCop, tant les fusillades sont d’une violence incroyable. Vous aurez alors à disposition soit votre Auto-9 (qui n’est autre qu’un Berretta 93-R dont on a agrandi le canon), soit tout un tas d’armes allant du pistolet mitrailleur au fusil de précision vu dans le premier RoboCop. Toujours dans le gameplay, sachez que vous évoluerez dans des zones diverses plus ou moins grandes, iconiques de l’œuvre (le vieux Detroit, le vieux commissariat, l’aciérie et plein d’autres lieux) et vous pourrez à la fois avancer dans l’histoire et accomplir des quêtes secondaires plus ou moins intéressantes (toujours dans le même but : faire appliquer la loi).
RoboCop Rogue City intègre aussi des éléments de RPG avec un arbre de compétences somme toute classique, avec des points à répartir dans ses différentes branches allant de la vie à l’armure en passant par les dégâts que vous ferez. Du côté de l’Auto-9, le studio à repris son système de puce venant de Terminator Resistance vous permettant d’augmenter ses dégâts, voire même de rendre ses munitions infinies.
Visuellement parlant, RoboCop Rogue City est magnifique, tant dans ses graphismes que dans ses cinématiques, et le bond en avant du studio entre sa précédente production est palpable. Ne vous attendez pas non plus à une claque graphique, entendons nous bien, surtout quand on sort de Alan Wake 2, mais je trouve que ce RoboCop Rogue City à une âme et un véritable cachet. En ce qui concerne la technique, j’y ai joué en 60 FPS, j’ai essuyé quelques petits ralentissements dans les fusillades les plus difficiles, une cinématique dont le son et l’image étaient en décalé et quelques petits bugs pas bien méchants qui m’ont toutefois demandé de recharger un précédent checkpoint. Mais en règle générale, Teyon nous propose là une production propre qui ne demande qu’un petit peaufinage lors de sa sortie.
Je finirais par la bande son du titre qui oscille entre nous proposer de l’efficace et du mythique en utilisant le main theme de l’œuvre générale lors de certains passages de l’aventure rendant ces moments inoubliables. De plus, entre la voix mythique (et le visage) de Peter Weller, sans oublier le reste du casting des années 80 (Lewis, le Sergent Reed, etc) et les différents bruitages, le studio sait mettre les petits plats dans les grands, et signe là encore une preuve de l’amour qu’il a pour son projet mais aussi pour le médium d’origine (en 2019, Terminator, aujourd’hui RoboCop).
Je conclus par vous dire que j’aurais bien aimé que le scénario de Rogue City remplace celui de Robocop 3, tant il est bien écrit, explore tous les thèmes et sujets du premier film (et le fait rudement bien), sans non plus tomber dans la redite inutile.
Dès son annonce, j’étais ultra confiant dans le projet et dans les capacités du studio et je ne me suis pas trompé, RoboCop Rogue City est tout simplement la meilleure adaptation jeu vidéo du chef d’œuvre de Paul Verhoeven, ni plus ni moins. Même si le studio reste un peu trop sur ses acquis et ne prend pas de risques, il nous offre une fois de plus le constat que je m’étais fait lors de la sortie de Terminator Resistance : Teyon Games est le seul studio à l’heure actuelle à savoir nous proposer une adaptation d’une œuvre des années 80 tout en étant respectueux du matériel de base. Si je ne suis pas encore clair dans mes propos, j’adore tout simplement ce RoboCop Rogue City qui est devenu instantanément l’un de mes plus gros coup de cœur de cette année 2023, tout simplement. Une question me taraude néanmoins : je suis curieux de savoir quel sera le prochain projet du studio. Une adaptation de Predator ? De Starship Troopers ? Ou bien de l’Arme Fatale ? En attendant, sachez que si comme moi, vous êtes fan de RoboCop, vous pouvez foncer tête baissée dans ce Rogue City, tant je suis persuadé que vous allez adorer. Et il n’est toujours pas trop tard pour vous plonger, si ce n’est pas déjà fait, dans Terminator Resistance, l’autre adaptation de Teyon Games qui mérite d’être découverte, tout comme le studio, qui lui, a besoin de tout notre soutien, vu tout l’amour qu’il a pour les chef d’œuvres cinématographiques de notre enfance.
- Un scénario inédit, bien écrit et respectueux de l’oeuvre qu’il adapte
- Le gameplay ultra jouissif lors des fusillades
- Graphiquement magnifique
- Une adaptation qui a une âme
- Ni trop court, ni trop long, juste ce qu’il faut pour éviter qu’il soit répétitif ou redondant
- J’aurais aimé que le studio sorte un peu de sa zone de confort et prenne plus de risques puisqu’il en a les moyens maintenant
- L’absence d’un New Game +, une fonctionnalité qui aurait pu être intéressante pour jouir des améliorations faites à la toute fin