Quelques mois à peine après la sortie de Bayonetta 3 (sorti le 28 octobre 2022), Platinum Games et Nintendo ont décidé de nous offrir une origins story: Bayonetta Origins Cereza and the Lost Demon. Sorti le 17 mars 2023, le jeu change totalement de formule pour cette préquelle, abandonnant le beat’em all si cher à la trilogie originale ainsi qu’un tout nouveau style graphique. Après une trilogie acclamée par la critique, ce nouveau volet des aventures de Bayonetta est malheureusement sorti dans un certain anonymat, et après l’avoir terminé entièrement en live, il fallait absolument que je lui dédie un article. Bayonetta et son nouveau style peuvent-ils réussir à se joindre à une trilogie déjà forte de popularité?
Conditions de test:
- Version: physique commerciale sur Nintendo Switch (à l’instar des épisodes 2 et 3, c’est une exclusivité Nintendo)
- Gagnée en concours grâce à Nintendo Town
- Temps de jeu: environ une quinzaine d’heures
- Histoire terminée: Oui
- Complétion totale: 77%
- Difficulté: Normale (par défaut, des options vous permettent de personnaliser les dégâts reçus ou encore le remplissage de la jauge de magie)
- Mode de jeu: docké
Bayonetta Origins nous conte l’histoire de Cereza, celle que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Bayonetta, sorcière de l’Umbra en plein apprentissage dans la maitrise de ses pouvoirs sous la tutelle de Morgana, sa professeure et mentor. Séparée de sa mère qui a été enfermée dans une mystérieuse prison, Cereza compte bien la retrouver, la sauver et être de nouveau à ses côtés. Mais bien que sa maitrise de la magie soit au plus bas, Cereza décide d’aller à l’encontre des conseils de Morgana et s’enfonce dans une forêt bien trop dangereuse pour elle. Cette forêt semble être la clé pour sauver sa mère et alors qu’elle est totalement perdue, impuissante, elle invoque, malgré elle, un démon qui trouve refuge dans son bien aimé doudou: Chouchou. S’en suit donc une aventure en duo forte en émotions et en défis pour la jeune sorcière.
Narré sous forme de conte, derrière son postulat de départ simpliste et enfantin, Bayonetta Origins offre un vrai travail d’écriture de Cereza, de Chouchou et de leur relation. Tout au long de cette histoire, l’évolution des 2 personnages est au rendez-vous ainsi que leurs liens, de compagnons de route de fortune malgré eux à véritable équipe pour venir à bout des obstacles qui se dresseront sur leur route, le scénario de cet opus propose une narration émouvante et touchante.
Cette aventure nous propose de découvrir une Cereza sous un nouveau jour: une enfant apeurée, dont les pouvoirs sont encore bien en deçà de ceux que nous lui connaissons habituellement, mais dont la détermination et le courage la guident vers son objectif.
Malgré tout, bien que le scénario ait pour ambition d’être une origin story, avec les quelques références à la Bayonetta que nous connaissons qui s’en dégagent, j’ai pour ma part trouvé qu’il n’allait pas au bout des choses, et que ce lien qui devait être fait entre l’avant et l’après est encore trop flou. Peut-être par ambition de faire de Bayonetta Origins une nouvelle trilogie? Ce n’est évidemment que pure spéculation de ma part.
Manette en main, il va s’en dire que le gameplay de cet épisode est pour le moins atypique et original, voire même très déroutant. En effet, le duo de personnages se contrôle avec un côté de la manette chacun. Explications. Le côté droit, stick, gâchettes et boutons divers et variés serviront à contrôler Chouchou, son déplacement, ses pouvoirs et ses attaques. Le côté gauche quant à lui, avec le même système, permettra de contrôler Cereza, ses déplacements, sa magie, et ses objets de soins.
Et s’il est évidemment possible de « ranger » Chouchou et contrôler notre jeune sorcière seule, le jeu demande (bien évidemment) de contrôler les deux personnages en même temps et pas forcément dans la même direction. Autant vous dire donc qu’il malmène notre cerveau. En effet, il faudra parfois en faire avancer un indépendamment de l’autre, ou encore résoudre des énigmes en « coopération ».
Et cette dualité de gameplay se retrouve également dans les combats (je vous avoue que j’avais surtout tendance à laisser Cereza loin des combats et préférais contrôler uniquement Chouchou et le laisser mener la danse seul) ainsi que dans les arbres de compétences, gardant le schéma initial: à droite les « techniques » de Chouchou, à gauche celles de Cereza.
Si Cereza n’a un gameplay que très peu évolutif durant l’aventure, et c’est fort dommage, c’est Chouchou qui bénéficie de la part belle en termes de diversité de gameplay grâce à ses différents pouvoirs élémentaires acquis tout au long du jeu. Aussi utiles en combat qu’en exploration, ses différentes « formes » permettent donc d’exploiter le level design et favorise grandement cet appel de la découverte de ce qui nous entoure.
Et pour cette formule de Bayonetta, au delà du gameplay, Platinum Games a également choisi de proposer une toute nouvelle identité visuelle à la femme fatale qu’est Bayonetta dans la trilogie originale. Exit les talons hauts, et les autres armes de poing emblématiques de la série, pour découvrir donc le périple d’une jeune sorcière à en devenir, avec son caractère et ses peurs. Et afin de donner vie à cette aventure, le studio a opté pour un style visuel entièrement dessiné à la main, appuyant donc le sentiment d’innocence de notre protagoniste.
Pour ce qui est de la direction artistique, le jeu s’habille d’un cel-shading ravissant doté de couleurs vives mais qui sauront également se fondre dans des décors et des situations plus obscures. Je pense notamment aux Tir na nÓg (sortes de petits donjons parsemés tout au long de notre périple, parfois obligatoires pour continuer l’aventure parfois totalement facultatifs), qui sont emplis de la noirceur de nos adversaires tout en arborant différents tons de bleus, du bleu roi au bleu marine. Et les autres lieux ne sont pas en reste, nous demandant d’arpenter différents biomes, tantôt enneigés, ou encore arborés.
Les dialogues et cinématiques sont quant à eux sous forme de pages à lire, et tourner, ne proposant parfois qu’une simple image pour illustrer les propos et la scène en cours. Une mise en scène toute en sobriété qui appuie sur la simplicité et l’univers onirique de cet opus.
En termes de technique et de stabilité, en mode docké en tout cas, le jeu ne souffre d’aucun désagrément, que ce soit chutes de framerate, et ce même pendant les combats, ou de quelques bugs que ce soit. Le jeu est particulièrement stable, et la partie visuelle n’en est pas entachée non plus par la résolution de la Switch.
L’OST, quant à elle, est tout simplement somptueuse. Je lui trouve même une certaine inspiration à Zelda, notamment avec les quelques notes qui accompagnent l’ouverture d’un coffre, toute mesure gardée évidemment. Quoi qu’il en soit, chaque mélodie, chaque note se dévoile être en harmonie avec la scène en cours. Tantôt emplie du désespoir de Cereza, tantôt épique pour coïncider avec la force de Chouchou.
Alors que je ne suis pas la première à sauter sur un épisode de Bayonetta traditionnel, je n’avais fait que le début du premier à l’époque et n’avais pas accroché à son univers, contre toute attente je me suis retrouvée en admiration devant cette origins story. Sa direction artistique, ses dessins, les liens qui unissent Cereza et Chouchou, le gameplay, bien que déroutant, est brillant, la bande originale somptueuse, Bayonetta Origins a tout pour plaire. Cette préquelle propose une histoire touchante et émouvante que l’on suivra avec beaucoup d’intérêts. Je regrette néanmoins le manque de profondeur qui aurait pu faire servir de tremplin entre les 2 facettes de Bayonetta qui aujourd’hui sont les siennes. De plus, le manque d’évolution du gameplay de Cereza se fait clairement ressentir. De ce fait, on peine à se passer de Chouchou. Mais si suite il y à, il est clair qu’elle peut compter sur moi. Et en plus, j’ai même envie de redonner une chance à cette sorcière bien aimée dans sa formule beat’em all.
Les plus
- Le dessin absolument somptueux
- La direction artistique colorée
- L’OST onirique
- Le lien entre Cereza et Chouchou qui évolue au fil des chapitres
- Le gameplay symétrique en double stick brillant
- L’évolution de gameplay de Chouchou
Les moins
- Peu d’évolution pour le gameplay de Cereza
- Le scénario qui manque de profondeur à la fin