Exclusivité sur PlayStation 4 depuis sa sortie le 25 juin 2019, Judgment (ou Judge Eyes dans sa version nippone) est revenu sur le devant de la scène le 23 avril 2021 pour faire son entrée sur Playstation 5, Xbox Series S et X et Google Stadia. Développé par le studio derrière la saga Yakuza, Ryu Ga Gotoku Studio (ou RGG pour les intimes), ce spin off de Yakuza avait pour particularité d’instaurer pour la première fois depuis un certain nombre d’années une localisation française (sous-titrée) dans un jeu du studio.
Carton plein pour Judgment en 2019 à qui les joueurs avaient réservé un accueil en grandes pompes, lui permettant ainsi de faire peau neuve sur « next-gen ». N’ayant pas pu le faire à sa sortie (faute de temps), je rattrape mon inexcusable retard dans cette version remasterisée. Un immense merci à Koch Media France pour l’envoi de la version physique du jeu sur PS5.
Faut-il voir une objection à la sortie de cette nouvelle version? Je vous propose ici mon avis complet sur Judgment.
Dans un pays où le taux de condamnation est de 99.9%, difficile pour un avocat de faire entendre sa voix et acquitter un innocent. Takayuki « Tak » Yagami est de ces hommes qui croit en la Justice avec un grand J. Avocat déterminé, et méticuleux, impossible pour lui de voir un innocent derrière les barreaux. Jusqu’à ce que l’affaire pour laquelle il est en charge ne le fasse tomber de haut. Désemparé, il quitte cet aspect de la justice pour se reconvertir en détective privé et fonde avec son ami de toujours, Masaharu Kaito, l’Agence de détectives Yagami, à Kamurocho pour laquelle il compte bien faire régner la justice telle qu’il la conçoit.
Mais bien vite, Tak est confronté à une mystérieuse affaire de meurtres en séries. Une affaire qui lui demandera du temps mais surtout de combattre ses vieux démons vieux de 3 ans pour avancer en tant qu’homme, enquêteur et ancien avocat.
Divisée en treize chapitres (que j’ai pour ma part terminer en 46h), l’histoire de Judgment prend le temps de poser les bases de son écriture pour nous plonger dans un univers totalement indépendant de sa série mère: Yakuza. Si le fond reste, Judgment propose cependant un scénario allant au delà du conflit entre clans Yakuza bête et méchant. Et comme RGG nous y a si bien habitué, l’aventure de Yagami-kun nous réserve bien des surprises tant en termes d’écriture, notamment de ses personnages qui ont pour la plupart eu droit à un passé émouvant, passionnant, et forgés d’un caractère bien trempé, que de thèmes abordés, et de valeurs à exposer. Une nouvelle fois, le studio ne déçoit pas et démontre une fois encore son savoir faire et son talent à nous orienter vers une voie pour la balayer d’un revers de la main avec brio quelques instants plus tard. Loin de Kazuma Kiryu, d’Ichiban Kasuga et de leurs Yakuza, Judgment propose une expérience scénaristique digne des plus grands polars.
Tak s’en sort à merveille dans ce premier rôle qui lui colle à la peau tant son charisme et sa prestance lui permettent d’accéder aux marches du podium des personnages phares de RGG Studio, le tout avec une identité certaine qui lui permet de s’éloigner des protagonistes Yakuza habituels. Et si on sait que quelque chose se trame dans les jours à venir, on espère revoir Yagami très bientôt.
Sortie initiale en 2019 oblige, Judgment jouit des biens faits du gameplay en beat’em all de l’ère Kiryu. Si cela ne surprend guère les joueurs PS4, les potentiels nouveaux joueurs peuvent goûter à ce qu’était le gameplay des Yakuza avant Like A Dragon.
Doté de 2 styles de combats différents, la Grue, préposée aux combats contre un groupe d’ennemis, et le Tigre, plus orienté pour les affrontements contre un seul adversaire, Tak a un style de combat qui lui est propre. On lui attribue une certaine rapidité dans ces mouvements (proches d’Akiyama pour les habitués des Yakuza), loin de la rigidité que pouvait nous faire ressentir Kiryu. Si les combats sont assez nerveux, je leur ai trouvé une difficulté revue à la baisse notamment contre les boss (en normal). Une baisse appréciable notamment pour les nouveaux venus. Mais le gameplay en beat’em all n’est une nouvelle fois pas sans défauts, la caméra ne voudra parfois n’en faire qu’à sa tête.
Cependant, l’univers de Judgment lui a permis d’instaurer de nouvelles phases de gameplay, loin des combats dont nous étions habitués. Ainsi, nous pourrons découvrir de nombreuses phases de filature et d’enquêtes qui nous demandent d’aiguiser notre sens de l’observation d’une scène de crime (par exemple). De plus, RGG nous met directement dans la peau d’un enquêteur chevronné, nous demandant donc de développer notre sens de la déduction pour exposer les preuves diverses et variées mises à notre disposition. Mais pas de panique, si les avocats en herbe ne récolteront que quelques points d’aptitudes bonus supplémentaires, Judgment se veut avant tout accessible à tous et ne punie pas les autres.
Comme à l’accoutumée, Yagami se dote également de plusieurs arbres de compétences à compléter grâce aux PA (points d’aptitudes) gagnés après les combats ou à chaque nouvelle étape d’une mission atteinte. Allant de la possibilité d’augmenter notre barre de vie, la force de nos coups de poings ou encore l’apprentissage de nouvelles techniques EX, entre autres, il ne faut en aucun cas négliger les différents arbres qui nous offrent de nombreuses solutions aux problèmes des premières heures.
A l’image de Yakuza, Judgment permet un large choix d’activités en tous genres dans les rues de Kamurocho. Outre l’histoire principale, Yagami peut s’adonner à diverses missions secondaires appelées affaires secondaires. Tantôt sérieuses et scénarisées en rapport direct avec le scénario, tantôt plus loufoques (ou what the fuck comme on aime appeler le genre) à l’image de ce qu’a pu nous habituer le studio. De plus, Judgment propose lui aussi quelques moments de détente dans les différents Club Sega, les terrains de baseball, et autres activités divertissantes.
Parlons maintenant de ce qui doit brûler toutes les lèvres: que vaut cette version « next-gen » graphiquement? Les comparatifs, nous avons dû tous les voir, dans lesquels le plus gros changement se faisait au niveau des ombres sur les visages et leur contraste. Petit rappel de ce que l’on a aperçu:
Des couleurs et des ombres plus réalistes, ces changements ne semblent pas avoir fait l’unanimité auprès des joueurs très attachés à cette direction artistique qui rendait Judgment si particulier.
Je le rappelle, je ne l’ai pas fait sur PS4 ainsi mon œil se veut moins critique par rapport aux changements si drastiques pour cette « remasterisation ». Pour autant, Judgment dans sa version next-gen est incroyablement beau. Que ce soit les visages et leurs expressions, les rues de Kamurocho, les effets d’ombres et de lumières, il est à mes yeux splendide dans son état le plus brut.
Car au delà de l’aspect purement visuel et graphique, Judgment jouit d’une mise en scène « cinématographique » fabuleuse et surtout de plans de caméras absolument fantastiques. Ainsi, cette nouvelle version lui permet de profiter d’effets de lumières qui accentuent la noirceur de son scénario, de l’écriture de ses personnages et tout simplement de son univers.
Techniquement parlant, je n’ai eu droit qu’à un crash au début du jeu, puis plus rien. On remarquera également par ci par là une main qui traverse une tête en combat, mais rien de véritablement gênant qui pourrait entacher l’expérience au global et l’immersion.
Ajoutez à cela une bande originale qui agrémentera vos allers et venues à Kamurocho à merveille vous mettant dans l’ambiance si mystérieuse de ce spin-off.
Evidemment, aucun d’entre vous ne sera étonné par cette image qui illustre mon avis. Une fois de plus, Ryu Ga Gotoku Studio a émerveillé mon cœur de joueuse grâce à ce spin-off de Yakuza. Outre le fait de parcourir une nouvelle fois les rues de Kamurocho, j’ai pu également découvrir une nouvelle facette de cet univers et un nouvel angle de vision. Un scénario qui m’a maintes et maintes fois surprise, des personnages et leurs histoires fascinants, et une approche façon polar qui rend d’une part honneur à la saga mère tout en lui permettant de s’attribuer une nouvelle identité, donnant sans mal sa place à Yagami et ses Judge Eyes entre deux opus de Yakuza. Son gameplay en beat’em all toujours aussi grisant, et l’arrivée de phases d’enquêtes le rendent unique et totalement indépendant. On regrette quelques soucis de caméra mais rien à signaler du côté de la technique qui s’est avérée quasi parfaite pour moi. En tant que « remastered », Judgment est sans aucun doute digne de cette nouvelle génération qui n’en est, rappelons le, qu’à ses balbutiements. Si l’intérêt est moindre pour les joueurs PS5 l’ayant déjà fait en 2019, il permettra aux joueurs sur Xbox Series de prolonger l’aventure des Yakuza fraichement débarquée dans son intégralité sur le Game Pass.
Les plus
- Une ambiance folle et des plans de caméra somptueux
- Un scénario façonné en enquête tantôt classique tantôt surprenant mais fascinant
- Yagami et compagnie, un groupe de personnages attachants
- Le large éventail de valeurs traitées, la justice en tête d’affiche
- Graphiquement somptueux
- Le gameplay en beat’em all toujours aussi efficace
- Les phases d’enquêtes et de déduction
Les moins
- Quelques soucis de caméra en combat
- On regrette l’absence d’une mise à niveau pour les joueurs PS4
One thought on “[Avis] Judgment (PS5): aucune objection pour se le procurer?”