A l’E3 2019, Ubisoft dévoile une nouvelle IP, dans l’univers de la mythologie grecque: Gods and Monsters. Les mois passent et le jeu se fait de plus en plus discret. Mais Gods and Monsters existe toujours bel et bien. Initialement prévu pour le 25 février 2020, le nouveau jeu d’Ubisoft Québec (Assassin’s Creed Odyssey) se voit décaler de plusieurs mois et ne se contente que d’un « fin 2020 ». Suite à un changement de direction pour le jeu (et une possible mésaventure avec une marque de boissons énergisantes), Ubisoft dévoile Immortals: Fenyx Rising le 10 septembre dernier, anciennement Gods and Monsters , lors de son Ubisoft Forward et annonce la date de sortie finale de sa nouvelle aventure: le 3 décembre 2020 sur PS4, PS5, Xbox One, Series X/S, Switch, PC, et Stadia.
Le jour J est arrivé et le jeu est moqué, et qualifié de plagiat d’un certain Zelda Breath of The Wild. Des mécaniques similaires, des séquences de jeu quasi identiques, les vidéos s’additionnent et font vite le tour de la toile. L’étiquette est vite collé sur le front du jeu. Et si je vous disais que Immortals: Fenyx Rising avait bien plus à offrir qu’un simple copié collé de l’aventure de Link de 2017? Et si ces influences à BOTW n’étaient ni plus ni moins que le coup de fraîcheur dont une licence Ubisoft avait besoin?
Après avoir arpenté le jeu (et terminé l’histoire principale) pendant plus de 30 heures, je vous propose donc mon avis sur cette nouvelle licence qui (spoiler alert) ne m’a clairement pas laissé indifférente.
Notre aventure commence sur un échange entre Zeus et Prométhée, enchaîné par ce dernier à une falaise de l’Olympe. Le ton de l’humour ne passe pas par quatre chemins pour (éventuellement) nous décocher quelques sourires et nous plonge vite dans un récit, ou plutôt le lancement d’une prophétie, conté par le Titan. C’est ainsi que nous découvrons Fenyx, héro ou héroïne à en devenir.
Fenyx, à bord de son navire, s’échoue sur une île gigantesque dont elle ne connaît rien (ayant créé un personnage féminin j’utiliserai donc le pronom personnel qui lui est associé, mais sachez qu’il est entièrement possible de faire un personnage masculin). Elle découvre une île sur laquelle les Hommes qui s’y trouvaient, dont son frère Lygiron, ont été pétrifiés. C’est l’œuvre de Typhon, un titan, dans la mythologie, fils de Gaïa et de Tartare, dont le seul but est de faire tomber l’Olympe et les Dieux qui le gouvernent.
Fenyx, qui jusque là n’a vécu que dans l’ombre de son frère, se donne pour mission de le sauver, sauver l’île, et vaincre Typhon. Mais pour se faire, il lui faudra l’aide des 4 divinités qui ont elles aussi subit une malédiction de la part du titan.
Sans surprise, un premier lien est fait avec le jeu phare de la Nintendo Switch, Breath of The Wild. Quatre divinités à sauver, rappelant les 4 Prodiges du jeu de l’année 2017 pour une foultitude de joueurs. Et, tout comme ce dernier, c’est au joueur de faire l’histoire dans l’ordre qu’il veut. Malgré tout, le récit de Fenyx se dévoile plus scénarisé que son mentor. Alliant narration en voix off de la part de Zeus et Prométhée et dialogues entre les différents personnages qui vivent le récit, Immortals: Fenyx Rising se montre clairement moins mystérieux et plus narratif.
Dans les faits, le scénario du nouveau jeu d’Ubisoft Québec passionne, tant par l’univers choisi, la mythologie grecque si tant est qu’elle est bien exploitée, est une valeur sûre en termes d’immersion que par la façon dont elle nous est racontée. Impossible de ne pas mentionner le doublage de Lionnel Astier dans le rôle de Zeus, qui, pour ceux qui me connaissent un tant soit peu, m’a clairement convaincue. Les punchlines (dont certaines demandent une maîtrise absolue du second degré), le ton, quelques anachronismes, et l’humour utilisés ont fait mouche sur moi. Pour autant, ce ne sera pas le cas pour tout le monde. Car si la voix de M. Astier fait son effet, son doublage pourra rappeler son rôle de Léodagan, Roi de Carmélide, dans Kaamelott, et ainsi entacher l’identité du jeu. Mais les personnalités narcissiques des 2 personnages ne sont pas si éloignées l’une de l’autre. On accordera au jeu quelques lignes de dialogues assez enfantines, mais pas au point de les rendre bêtifiantes pour autant. Bref, l’objectivité concernant la VF est assez compliquée à approcher, elle divise, c’est un fait, on aime ou on aime pas.
Notre quête menée pour réduire Typhon au silence est agrémentée de plusieurs phases de gameplay. Tout d’abord, le combat. Aux allures de beat’em all, Immortals: Fenyx Rising propose des mécaniques de combats diverses et variées. Munis d’une épée, d’une hache et d’un arc, Fenyx a tout ce qu’il faut pour rendre les combats dynamiques et grisants. On aime abuser de la barre de choc et assommer nos ennemis le temps de quelques secondes pour leur enchainer quelques coups d’épée. On aime leur balancer des objets en pleine poire (de la même manière que le fait Link) et on ne se gêne pas pour leur coller quelques compétences dans les dents histoire de leur faire fermer leurs mouilles (vous avez la réf?). Sans grande difficulté, les combats se verront pour la plupart rapides et sans bavure mais pas des moins efficaces.
Autre aspect très important, l’exploration. Aller d’un point A à un point B dans Immortals Fenyx Rising est tout à fait faisable mais déconseillé. Car le jeu propose une multitude d’activités auxquelles s’adonner pour faire évoluer notre Fenyx. Pas de niveaux à passer, pas de stuff plus puissant qu’un autre (on peut très bien finir l’aventure avec les armes de début) mais l’exploration n’en reste pas moins important pour nous faciliter la tâche. Car si le loot n’est pas approché de la même manière que les derniers Assassin’s Creed, par exemple, il ne faut pas lésiner sur le fait que certains attributs d’armes nous conviendrons mieux que d’autres, ni sur l’importance d’augmenter notre barre de vie et d’endurance (surtout d’ailleurs) ou encore sur la possibilité d’améliorer nos armes, armures et compétences.
Et puis soyons honnêtes, la direction artistique du jeu se prête excellemment bien à l’exploration. Des décors majestueux, colorés, tout est là pour nous donner envie de nous perdre sur cette île magnifique qui ravira nos pupilles en quête de dépaysement. A l’aide de notre barre d’endurance (oui, celle là même), on grimpe où on veut (à peu de choses près), on plane sur de longues distances et on admire le paysage. Et comme dans Breath of the Wild, on grommelle parfois, heureusement, les armes ne cassent pas, ouf.
Le dernier aspect de gameplay, et non des moindres, la résolution d’énigmes. Oui, cette facette fera partie intégrante de l’aventure. Activer des mécanismes avec des poids, traverser des distances dans un temps imparti, jouer de la harpe, ou terminer un parcours à l’aide d’une flèche, Immortals: Fenyx Rising regorge d’énigmes à résoudre et mettra parfois à mal vos neurones. Sans partir dans la prise de tête, leur grand nombre et parfois leur longueur peut s’avérer indigeste pour certains joueurs. A noter que les cryptes pour récupérer les essences des différents Dieux peuvent prendre au moins une heure à terminer, mais leurs bénédictions et leurs utilités nous font vite oublier ce temps passé.
Je l’évoquais un peu plus haut, Immortals: Fenyx Rising est somptueux. Tant par la beauté de ses panoramas que par sa simplicité sans artifices. Loin du ray tracing qui brûle toutes les lèvres, loin du photo réalisme, loin du réalisme tout court, la carte du jeu est un appel à l’admiration de l’univers de la mythologie grecque.
Son character design, dans un style cartoonesque, presque caricaturé, nous fait changer un peu d’air, loin des autres jeux de cette fin d’année d’Ubisoft, Assassin’s Creed Valhalla ou encore Watch Dogs Legion. Mais dans cette volonté de « caricaturer » certes très réussie, le jeu est à mon sens allé trop loin dans certaines animations. Quel étonnement de voir ma Fenyx, dont je suis assez fière par la féminité qu’elle dégage, de la voir déambuler comme un catcheur bodybuildé, bras et jambes écartés, muscles en évidence, comme si Terminator se radinait pour tuer Sarah Connor. Un détail certes, mais qui casse un peu l’image que je me faisais de mon « avatar ».
Techniquement, et c’est un point que je souligne, surligne, et entoure: Immortals Fenyx Rising tient presque du miracle pour un jeu Ubisoft. Sur PS5 en tout cas, aucun bug, aucun ralentissement, un seul et unique retour au menu de la console, bref, j’en suis encore bouche bée rien qu’à l’écrire tant la surprise est à son comble.
J’attendais énormément la sortie d’Immortals Fenyx Rising, le peu que j’avais vu de son univers, sa direction artistique, et même sa VF, n’avait pas eu de mal à me convaincre dans un achat day one. Et achat fut fait. Malgré sa ressemblance flagrante avec Zelda Breath of Wild, le jeu se dote d’une identité qui lui est propre et ses influences au jeu de Nintendo ont permis de changer du train train habituel de chez Ubisoft. Et à ma grande surprise je n’ai pas grand chose à reprocher à mon aventure. Mis à part un certain laissé aller dans certaines animations ou encore des phases de sauts un peu trop pensées au poil du derrière, rien n’a été là pour gâcher ne serait-ce qu’un peu mon périple divin. Et Immortals Fenyx Rising est le genre d’expérience un peu inédite et rafraichissante que l’on aimerait voir plus souvent (partout et chez tout le monde). Sur ce, je retourne dans ma quête du 100% et pourquoi pas du platine tant que j’y suis?
Les plus
- Visuellement somptueux sans artifices
- La VF (oui, moi je l’aime) et les vannes (simples mais bien placées)…
- La mythologie grecque, une valeur sûre
- L’appel de l’exploration
- Sans être révolutionnaire, on aime suivre le scénario
- Les armes qui ne s’usent pas (danse de la joie)
- Les influences de Breath of The Wild, nécessaires
Les moins
- Quelques animations un peu trop caricaturées
- … Mais qui ne fera pas l’unanimité
- Quelques répliques enfantines
- La barre d’endurance qui nous fait autant grommeler que dans Breath of The Wild
- Quelques phases de sauts qui demandent trop de précision
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